CAP accompagnant éducatif petite enfance : prêt pour la rentrée 2017

Le nouveau CAP Petite enfance s’appelle le CAP accompagnant éducatif petite enfance. Un changement de nom qui correspond aussi à une formation plus complète. Ce nouveau diplôme restera un diplôme unique mais sa modularisation permettra de faciliter les passerelles entre métiers. Et notamment à une assistante maternelle d’aller travailler en crèche, si à un moment de sa vie professionnelle, elle le souhaite. Revue de détails en 4 points-clefs.

 
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Nouveau CAP accompagnant éducatif petite enfance
1. Accompagnant éducatif petite enfance.
 Dans les EAJE, les titulaires du CAP Petite enfance sont le plus souvent appelés « CAP petite enfance » car ils n’ont pas de nom ! Le rapport Giampino avait souligné cette anomalie. Et proposait de les nommer « assistants d’accueil petite enfance ». Le groupe de travail et la CPC ( commission professionnelle consultative) en ont décidé autrement. Les nouveaux diplômés seront donc des accompagnants éducatifs petite enfance. Appellation qui ne fait pas vraiment référence à la réalité de leur travail puisque que ces personnels peuvent prodiguer des soins aux enfants (change, repas), mais aussi faire le ménage dans les locaux, ou participer à l’organisation d’activités. On peut aussi noter que le rapport Giampino (qui a été référence pour tous ceux qui ont travaillé sur la refonte des diplômes du secteur de la petite enfance), avait rejeté l’idée d’un nouveau métier d'accueillant éducatif « plus tourné vers l’éveil que le soin »  , à côté de celui d’auxiliaire de puériculture.

2. Un diplôme unique pour un exercice dans trois types d’accueil
Le nouveau CAP reste un diplôme unique (niveau V) pour un exercice dans trois types de lieux d’accueil : les EAJE, les écoles maternelles, le domicile des parents ou de l’assistante maternelle (y compris les MAM). D’où l’idée pour chaque référentiel (activités professionnelles, compétences, certification) d’un socle commun et de trois modules spécifiques. Pour être titulaire du CAP nouvelle formule, il faudra avoir validé tous les modules. Seules les assistantes maternelles (qui n’ont pas l’obligation pour exercer d’être titulaires du CAP) pourront ne passer que les épreuves correspondant à deux modules (au lieu d’un seulement actuellement) : celui du socle commun et celui de l’accueil individuel. Ce système a l’avantage de faciliter les passerelles entre métiers et lieux d’exercice. Par exemple une assistante maternelle qui souhaite, à un moment de sa vie professionnelle, exercer en crèche n’aura à valider (si elle a réussi les épreuves correspondant aux deux modules qu’elle aura déjà présentés) que le module EAJE. Cela pourra se faire via la VAE (validation des acquis d’expérience) notamment.
Par ailleurs les titulaires du diplôme pourront très facilement passer d’un poste en école maternelle à un poste en EAJE.

3. Le référentiel des activités professionnelles
Les activités communes : accompagner l’enfant dans ses découvertes et ses apprentissages ; prendre soin et accompagner l’enfant dans les activités de la vie quotidienne ; inscrire son action dans le réseau des relations enfants-parents-professionnels.
En  école maternelle : assistance pédagogique au personnel enseignant ; activités de remise en état des matériels et locaux.
En EAJE : participation à la mise en œuvre du projet d’établissement et du projet pédagogique.
En ’accueil individuel (domicile des parents, domicile des assistantes maternelles et MAM) : négociation du cadre de l’accueil organisationnel et contractuel ; sécurisation des espaces de vie de l’enfant ; entretien du logement, des équipements et du matériel ; élaboration des repas.

4. Le référentiel de compétences et de certification
Les  compétences communes aux trois types de lieux d’accueil de deux ordres . Des compétences de positionnement  : l’information, la communication et l’organisation. Des compétences de réalisation mettre en œuvre des conditions favorables à l’activité et à l’expression des enfants dans un contexte donné ; mettre en œuvre des activités d’éveil ; réaliser des soins quotidiens ; appliquer des protocoles liés à la santé des enfants ( ce qui permettra par  exemple aux assistantes maternelles d’accueillir un enfant avec un PAI)
A côté de ces compétences communes, des compétences spécifiques selon les lieux d’exercice à mettre en relation avec les activités spécifiques définies dans le référentiel des activités professionnelles.  
Les épreuves en vue de l’obtention du diplôme délivré par l’Education Nationale serviront à évaluer si les compétences définies dans le référentiel de compétences sont bien acquises.
 

Une formation en deux ans

La durée de la formation demeure inchangée elle durera 2 ans. Accessible après la troisième, elle alternera cours théoriques et stages pratiques. 16 semaines de stage a


Un jeune enfant peut-il s’ennuyer ?

Nombre d’adultes, professionnels comme parents, proposent un florilège permanent d’activités aux enfants pour remplir leurs journées. Leur crainte ? Que ces jeunes enfants s’ennuient, qu’ils deviennent passifs, voire paresseux et inactifs. Mais l’ennui, qui tracasse tant les adultes, existe-t-il réellement dans la tête des jeunes enfants ?
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Un jeune enfant qui s
Jeudi, 18h15. Dans la section des grands, il ne reste plus qu’un seul enfant. A l’extérieur, le soleil s’est couché, laissant la place à un vent abrupt qui fait virevolter les feuilles dans le jardin. Gaspard, pas tout à fait 3 ans, est allongé sur un tapis au milieu des jouets, balayant d’un regard vague et nonchalant ce spectacle de feuilles, à travers les larges baies vitrées. Mal à l’aise par cette apparente inactivité, la professionnelle l’interpelle : « Gaspard, viens me voir au lieu de rester là à t’ennuyer ! Je vais te sortir la boîte de duplos ! ». Il est vrai qu’à vue de nez, Gaspard semble s’ennuyer. Et pourtant, le petit garçon est, depuis dix bonnes minutes, plongé la tête la première dans son inépuisable imagination…. Mais voilà que le monde imaginaire de Gaspard éclate comme une bulle de savon. Ploc. En l’interpellant, la professionnelle le propulse dans la réalité de la section comme on effondre un château de cartes.
 
L’ennui ennuie les adultes

L’ennui est un sentiment profondément dévalorisé dans notre société. Il s’apparente à une sensation de malaise, une forme de lassitude, de fainéantise, d’abattement, de paresse. Certains y voient même le symptôme d’une pathologie, s’approchant de la mélancolie ou de la dépression. A vrai dire, l’ennui est aux antipodes de tout ce qui est valorisé : le dynamisme, la vitalité, l’activité physique, la productivité. Cherchant à tout prix à préserver le jeune enfant de « l’ennui », certains professionnels vont jusqu’à multiplier les activités. Pourquoi ceux-ci redoutent-ils autant que l’enfant ne « fasse rien » ? Les raisons sont multiples. Certains sont intimement convaincus qu’un enfant qui ne « fait rien » risque de s’ennuyer. L’adulte vient là projeter sa propre angoisse du vide, son propre ressenti sur l’enfant. D’autres estiment qu’un enfant qui « s’ennuie » risquera davantage de mordre, taper ou griffer les autres enfants. Par moments, cette crainte que les enfants s’ennuient est largement alimentée par la direction de l’établissement ou les parents eux-mêmes.

Bienvenue dans un monde imaginaire
Pourtant, encourager un enfant à « ne rien faire » – ce que certains qualifieront d’ennui – permet à l’enfant de se plonger dans un monde imaginaire, d’ouvrir la porte de son jardin secret, d’entreprendre un voyage intérieur. L’ensemble de ces aventures participeront au développement de son épanouissement, sa créativité, sa mémoire, son observation, son imagination mais aussi son autonomie psychique. Offrir à l’enfant des plages de temps libre lui permet également de renforcer sa concentration. Tel un muscle, la concentration d’un être humain (enfant comme adulte) nécessite des temps de pause pour éviter le surmenage et fonctionner au mieux de ses capacités.  Enfin, rappelons qu’un enfant ne fait jamais « rien » et que celui qui est physiquement inactif a de grandes chances d’être psychiquement actif. Un exemple : dans le cerveau d’un bébé qui ne ferait « que » dévisager sa référente en train de répondre au téléphone s’opère en réalité des milliers de connexions entre les neurones, chaque seconde. Le cerveau des jeunes enfants est programmé pour apprendre, découvrir et explorer les moindres détails de leur environnement humain et physique. L’ennui n’y a pas sa place. Comment les tout-petits pourraient-ils se lasser d’un monde qu’ils sont en train de découvrir ?

L’ennui n’existe pas
D’ailleurs, il suffit de se pencher un plus minutieusement sur la question de l’ennui pour se rendre compte que l’ennui… n’existe pas. Ou du moins, pas dans la nature. Dans son ouvrage « S’ennuyer, quel bonheur » (Armand Colin, 2007), Patrick Lemoine, psychiatre et docteur en neurosciences, souligne que le mot « ennui » n’existe pas dans toutes les langues, le chinois par exemple. C’est aussi le cas de certaines cultures occidentales qui valorisent la méditation. Les ethnies qui vivent dans des conditions naturelles et qui luttent quotidiennement pour leur survie ne connaissent pas non plus l’ennui. L’ennui naîtrait précisément du décalage entre l’homme et son environnement : plus les conditions de vie s’éloignent des conditions naturelles de l’être humain, plus celui-ci peut est susceptible de s’ennuyer. L’ennui est, au final, un luxe des sociétés sédentaires et urbanisées pour qui la nourriture et la sécurité sont assurées.  
Fin mot de l’histoire : l’ennui n’existant que dans la tête de l’adulte, évitons de contaminer les enfants avec notre propre appréhension de l’inactivité. Et profitons-en, nous aussi, pour lever le pied et « ne rien faire », de temps en temps !